Fenrir, aussi appelé Fenrisúlfr, loup monstrueux de la mythologie nordique. Il était le fils du dieu démoniaque Loki et d’une géante Angerboda. Craignant la force de Fenrir et sachant que seul le mal pouvait être attendu de lui. Les dieux le liaient avec une chaîne magique. Lorsque la chaîne fut placée sur lui, Fenrir arracha la main du dieu Tyr. Il fut bâillonné avec une épée et fut destiné à rester attaché à un rocher jusqu’au Ragnarök (le Jugement dernier), où il brisera ses liens et tombera sur les dieux. Selon une version du mythe, Fenrir dévorera le soleil et dans le Ragnarök, il combattra le dieu chef Odin et l’avalera. Le fils d’Odin, Vidar, vengera son père, poignardant le loup en plein cœur selon une version et lui arrachant la mâchoire selon une autre. Fenrir figure en bonne place dans la poésie norvégienne et Islandaise des Xe et XIe siècles et les poètes parlent avec appréhension du jour où il se déchaînera.

1) Fenrir : Le monstrueux loup de la légende nordique
Son importance pour les Scandinaves préchrétiens est démontrée par le fait qu’il est représenté sur de nombreuses pierres tombales encore existantes, sans parler de son omniprésence dans les sources littéraires du vieux Nordique.
Lorsque Fenrir (également appelé Fenrisúlfr) est né, avec ses autres frères et sœurs, le grand serpent Jörmungandr et la femme aux cheveux sombres Hel, l’Æsir d’Asgard, se sont réunis pour discuter de ce qu’il fallait faire de ces trois êtres très dangereux, tous prophétisés pour aider à la destruction future du cosmos nordique. Hel fut envoyée à Niflheim, un endroit similaire au concept chrétien de l’enfer, un endroit très froid et sombre, tandis que Jörmungandr fut envoyé à la mer, pour rester submergé jusqu’à la fin des temps. Fenrir, par contre, posait un problème beaucoup plus dangereux. Alors que Hel et Jörmungandr pouvaient être envoyés au loin, Fenrir grandissait à une vitesse fulgurante et devint bientôt un jötunn parmi les loups, pour ainsi dire. Pour protéger l’Æsir de sa taille et du terrible destin qu’ils savaient qu’un jour il connaîtrait, ils décidèrent qu’il fallait contenir Fenrir.
2) Contenir le loup Fenrir
Trois différents types de fers, ont été créés avant que les dieux ne réussissent à confiner le loup. La première s’appelait Leyding. Elle n’a pas duré longtemps, car un coup de pied de Fenrir a brisé la chaîne. La deuxième tentative de chaîne était deux fois plus forte que Leyding et était connue sous le nom de Dromi ; bien que Fenrir ait mis plus de temps à la rompre, elle connut le même sort que la première. À la troisième tentative, les dieux savaient qu’ils avaient besoin d’une compétence supérieure à la leur. Odin, le premier chef des Æsir, envoya un message aux nains de Svartálfaheimr, le pays des elfes noirs. Ces nains noirs vivaient sous terre et étaient pour la plupart mal élevés, mais ils acceptèrent néanmoins de fabriquer une chaîne assez puissante pour empêcher le loup géant de s’échapper. Les nains ne tardèrent pas à offrir à Odin le Gleipnir, une chaîne composée de six ingrédients mythiques : le bruit des pattes d’un chat, les racines d’une montagne, les tendons d’un ours, la barbe d’une femme, le souffle d’un poisson et la salive d’un oiseau. La chaîne résultante était aussi lisse qu’un ruban, mais aussi solide que le fer le serait pour les mortels. Lorsque la chaîne devait être placée sur Fenrir, sur l’île de Lyngvi, même le loup doutait de sa capacité à s’échapper. Et lorsque les dieux l’incitèrent à tenter de se libérer, Fenrir exigea une preuve de bonne foi avant de permettre qu’on la lui impose.
Le dieu de la loi et de la justice, Tyr, s’avança alors et plaça sa main dans la gueule du loup, le seul dieu de l’Æsir assez courageux pour se risquer pour le bien de l’ensemble. Ce n’est qu’alors que Fenrir se laissa à nouveau enchaîner. Chaque tentative de libération du loup s’avéra vaine. En colère contre son échec et la capacité des dieux à le piéger, Fenrir arracha la main de Tyr. Soulagé que Fenrir ait été lié, l’asir fit passer la corde de Glepinir Gelgja à travers une plaque de pierre massive appelée Gjöll et l’ancra avec un gros rocher appelé Thviti, liant ainsi Fenrir de façon permanente à un seul endroit. Les hurlements incessants du loup ont conduit à lui enfoncer une épée entre les mâchoires, la poignée maintenant sa bouche large, le réduisant au silence jusqu’au temps du Ragnarök. Ce n’est qu’à ce moment-là que Fenrir connaîtra la liberté. Le tremblement de la terre et le déracinement des montagnes déchireront Gleipnir, déchaînant le loup sur Odin, lui permettant d’avaler le chef des dieux tout entier.

3) La fin de l’Æsir
Ce serait le début de la fin de l’Æsir. La prose Edda dicte que les deux fils de Fenrir, Sköll et Hati Hróðvitnisson, suivront les traces de leur père, avalant respectivement le soleil et la lune, détruisant les étoiles et toute l’essence du temps. Ce n’est qu’après que tout cela eut eu lieu que Fenrir fut tué par le fils d’Odin, Víðarr. Les mâchoires de Fenrir, restées silencieuses pendant si longtemps, furent finalement déchirées par le pied de Víðarr qui lui tendit la bouche. Peu de temps après, les mondes des Æsirs furent consommés et un Nouveau Monde s’éleva à leur place.
Bien que les récits de l’ancienne religion nordique s’étendent sur plusieurs siècles, ce conte est le seul qui mentionne la pertinence du personnage de Fenrir. Le loup a passé sa vie enfermé sur une île loin des autres êtres, maintenu en confinement jusqu’à ce que le destin des dieux ne puisse plus être empêché. Son histoire est cependant importante à raconter, car son rôle est le plus poignant de ceux des autres membres de sa famille. C’est son père Loki qui dirigera les jötunns et les forces de Niflheim contre les Æsir pendant le Ragnarök et son frère Jörmungandr dont la raclée libérera Fenrir de Gleipnir. Mais c’est Fenrir qui tuera le chef des dieux lui-même et pour cela, on se souviendra toujours de Fenrir.

4) Fenrir le Démon ?
Facile à diaboliser, oui … et ce serait de la folie de le faire. Fenris est une divinité, pas un démon ; comme tous les dieux et tous les dieux de Rökkr, il est l’incarnation d’une vérité sacrée. Le mystère de Fenrir n’est pas une chose facile, simple ou directe. Les gens qui continuent à diviser instinctivement le monde en bon ou mauvais comme s’il leur causait de la douleur ou des désagréments ne sont pas prêts pour son mystère.
Fenrir est, à bien des égards, l’essence de Jotun poussée à son extrême limite, sa fin ultime sans compromis. Cela signifie qu’il faut comprendre que lorsque nous disons que les Jotnar font, parties de la nature… Chaque partie de la nature est dangereuse et n’est pas terriblement disposée à privilégier les humains par rapport à toute autre partie. La mer mange les gens, le feu ravage les campagnes, la tempête de verglas vous gèle, la terre recevra votre cadavre et le remplira d’asticots. Notre planète tourne autour d’un soleil qui va s’éteindre, dans une galaxie qui va s’éteindre et se désintégrer avant d’exploser à nouveau en vie.
Comprendre ces choses comme étant “non négatives” mais aussi géniales, mentales, voire belles, c’est ainsi que nous comprenons la nature de Jotun. C’est terrifiant, oui et il y a aussi un côté bon et bienveillant, mais on n’a pas que cela qui nous est destiné, jamais. Il s’agit d’accepter tout.
Il incarne notre ambivalence envers l’Univers, qui nous voit comme des grains de poussière. La seule façon de contourner cela est de voir d’une perspective supérieure, qui peut apprécier la divinité des ambivalences.

5) L’amour propre de Fenrir
Loki et Angrboda aiment tous deux énormément leurs enfants et cela inclut Fenrir. Il leur manque et ils sont tristes pour lui. Tout n’est pas facile ni noir et blanc. Quiconque essaie de le voir sous l’une ou l’autre de ces formes est passé à côté de l’essentiel.
Fenrir est, à bien des égards, l’expression ultime de la nature sans frontières de Jotun. Il est ce qu’il est. Il préfère mourir plutôt que d’être autre chose que ce qu’il est. Pour accepter ce genre de bête intérieure, il faut la voir comme n’étant pas entièrement négative, même si elle doit être enchaînée. Pour l’aborder de manière saine, il faut apprendre à l’aimer pour ce qu’elle est et cela signifie apprendre à voir sa magnificence. Pleurer pour Fenrir, le vénérer et l’honorer, nous donne une place pour honorer cette partie de nous-mêmes.
6) Les loups Bon ou Mauvais ?
Les loups étaient également un symbole important et ambivalent dans la vie des Européens. Le loup était universellement craint et détesté par le paysan moyen, dont l’expérience avec lui était le prédateur qui menaçait ses troupeaux. D’un autre côté, les classes guerrières voyaient le loup en termes de puissance, de férocité et d’attachement à une meute ; beaucoup d’entre elles étaient elles-mêmes des prédateurs et ironiquement, appréciaient le loup pour cette nature ambivalente. Le fait que les paysans soient leur meute ou leur proie variait d’une situation à l’autre et à un certain niveau, ils le comprenaient bien.
D’un autre côté, un loup solitaire était un problème. En Europe du Nord, le mot “tête de loup” désigne la mise à prix des têtes coupées des loups solitaires qui devenaient un problème pour les villages sédentaires. À bien des égards, Fenrir est la figure ultime du loup solitaire. Son nom signifie littéralement “fen-dweller”, celui qui court dans la nature. Son nom est souvent anglicisé en Fenris, bien qu’en vieux norrois, il s’agisse ironiquement d’un nom possessif, comme dans Fenrisulfr, qui signifierait littéralement “le loup de Fenris”. Certaines personnes pensent que cela aussi est littéral, étant donné que Fenrir n’est pas un esprit de loup en soi, mais un Jotun changeant qui choisit de prendre la forme d’un loup.